Jacquoire en Patrioche
GALERIE SATOR
- solo show -
Sep 7th 2013 - Oct 12th 2013
Paris, France
www.galeriesator.com
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“Pour que vous aimiez quelque chose, il faut que vous l’ayez vu ou entendu depuis longtemps tas d’idiots”.
Francis Picabia & André Breton
Vincent Sator est heureux de présenter Jacquoire en Patrioche, première exposition personnelle de Truc-Anh à Paris du 5 septembre au 12 octobre 2013.
Après avoir été montrés à la galerie Albus Lux en Hollande puis à la galerie Quynh au Vietnam, les tableaux de la série Friends sont présentés pour la première fois en France. Leur exposition aujourd’hui à Paris clôture un cycle de travail consacré à la fantomatique des corps. La série Friends est un ensemble d’huiles sur toile en noir et blanc, de format unique (162 x 130 cm), peintes en Belgique et au Vietnam. Issues de l’enfance et de l’adolescence, les figures qui la composent matérialisent des apparitions évanescentes, représentées au moment même où elles s’apprêteraient à disparaître. Enfant, terrifié par les fantômes et les esprits, Truc-Anh entreprit de tapisser sa chambre de représentations de monstres qu’il dessina ou peint alors sur tout type de supports dont ses murs. Comblant une solitude trop grande, ces figures effrayantes devinrent ses compagnons quotidiens. La série Friends, ainsi liée aux peurs de l’enfance et à ce besoin d’apprivoiser le vide, sont les fondements de son univers personnel, le début de sa mythologie propre. Par l’acte de peindre, il s’agit de donner forme à quelque chose qui n’existe pas, de figer sur la toile ce qui est de l’ordre du fantasmé.
La série Soul Archive dont les premières pièces sont montrées ici pour la première fois sont des oeuvres réalisées au typpex sur papier noir en 2013 au Vietnam de format unique également (50 x 40 cm).
Participant d’un travail de deuil suite à la disparition récente de quatre proches de l’artiste, ces oeuvres sont une évocation de chacun d’entre eux. A nouveau, le dessin est en lien avec ce qui a disparu, avec l’invisible, et la peinture donne forme à quelque chose qui cette fois n’existe plus.
Cette lutte contre la disparition transparaît également dans le récent portrait sur papier d’Amy Winehouse « Ma chère Amy », icône immortelle de la musique pop fauchée en pleine ascension, dont la mort violente toucha Truc-Anh. Dans la pièce « Blog », réalisé en encre de chine en 2013 au Vietnam sur une serviette en papier de restaurant, le Pharaon illustre la puissante volonté des monarques égyptiens de se construire une représentation déifiée tout en s’inscrivant à nouveau dans un quête d’immortalité. Le « White Walker », sur le même support, inspiré d’un personnage mort-vivant de la série américaine « Game of Thrones » apparaît comme une représentation de la mort, aux côtés du portrait de la grand- mère de l’artiste « Hua Kim Lan », également récemment disparue.
Enfin, la sculpture « Kairophagie » de la série de sculptures Relatives, réalisée en métal peint à Paris en 2013 pour l’exposition, par les lettres qui y sont inscrites « PASSÉ, PRÉSENT, FUTUR » crée une temporalité cannibale et non linéaire. La mort en soi questionne le rapport au temps, au temps passé partagé, au temps présent vécu et au temps futur qui ne se produira plus. « Kairophagie » brouille ce rapport au temps et la perception que l’on en a.
Que cela soit dans la série Friends ou Soul Archive, la peinture pour Truc-Anh permet de questionner le rapport de la représentation à l’existence des choses, qu’elles soient fantasmées ou disparues. Quel rôle joue cette représentation dans la relation au manque ou au vide ? Décontextualiser l’objet conduit à s’intéresser à l’essence même du sujet représenté. Rien dans l’oeuvre ne le rattache à une réalité aisément identifiable ou repérable. Faire table rase conduit le regardeur à se placer dans un état d’ignorance, d’ouverture ultime, rendant son oeil actif. Ainsi du titre de l’exposition « Jacquoire en patrioche » qui par son absence de sens nous transporte en territoire inconnu.